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Un coup d’œil rapide sur les charts et des noms apparaissent : The Black Eyed Peas, Lady Gaga, Justin Bieber, David Guetta ou encore Katy Perry. Derrière ces artistes qui vendent des millions d’exemplaires de leurs albums à la production souvent douteuse et au son régulièrement semblable d’un album à l’autre (ce son « dancefloor », über-mainstream qu’on trouve aussi chez Rihanna ou Britney Spears). Mais avant de devenir des stars internationales, ces artistes avaient un public plus restreint, et une musique bien différente. J’oserais presque parler de « débuts underground« .
Commençons par les Black Eyed Peas, qui sont à mon avis l’exemple le plus flagrant de ce retournement de veste. Plus qu’un retournement de veste, leur style musical a changé du tout au tout (et c’est bien dommage). Vous vous rappelez sans doute qu’avant leur tube I Gotta Feeling, il y avait eu un autre succès international, Let’s Get Retarded. Jusque là, tout va bien, on reste dans le morceau tubesque un peu débile, ambiance « Tiens, et si on y écrivait une chanson sur une soirée, on se la colle, et tout, ça pourrait faire un tube ». Merci Will.I.Am, super bonne idée. A l’époque pourtant, ce dernier avait plus de dreads sur la tête que de dollars dans sa poche, et Taboo-l’indien-bizarre avait presque l’air normal.
Black Eyed Peas
Bon, mais avant ça, Fergie ne faisait pas partie des Black Eyed Peas. Forcément, la dose de mauvais goût au sein du groupe était dérisoire en comparaison. En 1998 sort donc sur Interscope le premier album des Black Eyed Peas, « Behind The Front ». Le premier single s’appelle « Fallin’ Up », et ce bon rap old school évoque plus « A Tribe Called Quest » que les morceaux d’aujourd’hui. L’ironie du sort, ces quelques paroles:
« I see you try to diss our function by stating that we can’t rap,
Is it just cos we don’t wear Tommy Hilfiger or baseball caps ?
We don’t use dollars to represent,
We just use our inner sense and talent. »
Si ces paroles étaient probablement véridiques à l’époque, elles trouvent un tout autre sens aujourd’hui, puisqu’ils s’appliquent plutôt à faire disparaître leur talent sous des couches de dollars.
Bilan : Les Black Eyed Peas ont-ils eu du talent ? : Oui, oui, et encore oui. Dommage d’être passé de hip-hop classieux à pseudo-dancefloor merdeux.
Justin Bieber
Dans un autre genre, de nos jours, quand on visite la chambre d’une innocente collégienne, on ne s’étonne pas de tomber sur des posters de Justiiiiiiiiiiin Bieber. Alors qu’il n’est toujours pas majeur, il nous agresse systématiquement quand on fait tranquillement nos courses avec ses « Baby, Baby, ooooooh » insupportables. Mais là n’est pas la question. Avant de faire de la soupe (c’est probablement le pire de sa catégorie), Justiiiiiin était plus proche de Ray LaMontagne que de Rebecca Black. Le petit canadien avait une voix d’ange (non, en fait si vous voulez mon avis il était déjà le roi des relous) et se contentait de jouer des reprises sur les marches d’un centre commercial. Aussi oubliable que cette prestation soit, ça avait au moins le mérite d’être mignon, ce gamin qui mendie pour se payer une chemise de bûcheron (pas canadien pour rien, quand même). Son dicton « Never say never » et quelques années plus tard, ses groupies lui offrent autant de chemises bûcheron qu’il veut (et il gagne même quelques petites culottes au passage), sans compter qu’il a pu mettre Vanessa Hudgens dans son lit. Bref, il a réussi sa vie.
Bilan : Justin Bieber a-t-il eu du talent ? Mouais. Disons qu’il savait manier deux-trois accords de guitare; assez en tout cas pour draguer sur la plage. Mais sa voix de pré-pubère, pas possible.
Lady Gaga
Lady Gaga, elle, est peut-être la métamorphose la plus intéressante, puisqu’en même temps qu’elle a muté de pianiste talentueuse, elle s’est créé un personnage fascinant, qu’on aime sa musique ou pas, impossible d’y rester insensible.
Avec la médiatisation de ses clips extravagants, elle a su captiver une fanbase plus hétérogène que ses collègues, et beaucoup parmi ses fans connaissent ses déboires avec le label Def Jam Records, qui l’a signée alors qu’elle n’avait que 19 ans…avant de ne plus jamais lui donner de nouvelles, et ses débuts en duo avec Lady Starlight, et notamment un concert très remarqué au festival de Lollapalooza. Son premier album est sorti sur Interscope (encore eux) grâce au soutien d’Akon, mais bien avant « Just Dance » et « Poker Face », Lady Gaga, s’appelait encore Stefani Germanotta et en s’asseyant devant son piano, elle captivait une audience bien différente que celle qui vient l’acclamer aujourd’hui. Bien loin de son image délurée, bien avant que la communauté gay ne s’amourache pour ses hymnes hédonistes, Lady Gaga nous susurrait une ballade amoureuse devant son piano qui semble aujourd’hui à l’opposé de ses compositions actuelles.
Bilan : Lady Gaga a-t-elle eu du talent ? Oui, mais rien d’hallucinant non plus, alors que ce qu’elle fait aujourd’hui peut être (parfois) ce qui se fait de mieux dans le genre.
Katy Perry
Parmi ceux qui trustent les charts d’aujourd’hui, on trouve aussi Katy Perry, brune aux grands yeux, qui s’est fait remarquer du grand public par ses tubes « I Kissed A Girl » et « Hot’n'Cold ». Mais avant que les plus conservateurs des américains ne l’accusent d’inviter à l’homosexualité et ce genre de conneries, la demoiselle s’appelait encore Katy Hudson (elle a préféré troquer son patronyme contre le nom de jeune fille de sa mère pour éviter la confusion avec l’actrice Kate Hudson), elle était naturellement blonde, mais surtout : elle chantait du country-gospel chrétien un peu WASP sur les bords. Promis. Le meilleur exemple est probablement cette chanson sortie en 2001, « Faith Won’t Fail ».
Citons les paroles :
« In the midst of all my sins and temptations
He’ll prevail
When I fall and He will pick me up
For time and time again my faith won’t fail »
En effet, on est bien loin de l’hésitation pré-maritale et des expériences homosexuelles, et encore je ne parle pas de ses derniers clips, où elle fait jaillir de sa poitrine des feux d’artifice (« Firework ») ou de la chantilly (« California Gurls »).
Bilan : Katy Perry a-t-elle eu du talent ? Mouais. Il faut reconnaître que ce qu’elle faisait avant a beau être mieux, ça reste quand même relativement inécoutable.
David Guetta
Derrière tout ce beau monde, il y a une personne. Un Français, producteur (parce que le qualifier de DJ, c’est quand même beaucoup dire) de son état, qui a trouvé le chemin de la réussite aux États-Unis.
Mais il y a bien longtemps, avant que les plus grandes stars ne se l’arrachent, David était étudiant en droit et mixait dans une boîte gay à côté des Halles. Avec quelques copains, il a mis le DJ sur le devant de la scène, il a aidé à gentrifier le quartier de Pigalle, mais il avait déjà la même tête de mec un peu benêt, il passait déjà de la musique pas terrible, il sortait déjà avec la même femme (qui n’était pas plus attirante à l’époque). Chez Guetta, en fait, rien n’a changé. Alors que beaucoup sont persuadés qu’il s’est enlaidi en se nourrissant de coke, peu savent qu’il était déjà moche il y a deux décennies de ça. Il lui a fallu vingt ans pour passer de Nation Rap aux plus grands dancefloors du monde. Il a pris son temps, mais il a réussi.
Rappelons nous quand même que le mur de Berlin à peine tombé, David Guetta (qui ressemblait un peu à Drago Malefoy d’ailleurs) déclarait mixer « pour le plaisir, loin du business ». On me la fait pas à moi, celle-là…
Bilan : David Guetta a-t-il eu du talent ? Non. Et ça n’a pas changé d’un pouce. Son public s’est juste démultiplié.
Alors, quoi ? Les débuts talentueux (ou pas) des stars d’aujourd’hui justifient-ils les catastrophes qu’ils nous sortent maintenant ? Non, loin de là. Mais il est toujours intéressant de se rappeler que derrière telle ou telle erreur monumentale actuelle, il y a bien longtemps, se cachait de la musique un peu plus intéressante.
Commençons par les Black Eyed Peas, qui sont à mon avis l’exemple le plus flagrant de ce retournement de veste. Plus qu’un retournement de veste, leur style musical a changé du tout au tout (et c’est bien dommage). Vous vous rappelez sans doute qu’avant leur tube I Gotta Feeling, il y avait eu un autre succès international, Let’s Get Retarded. Jusque là, tout va bien, on reste dans le morceau tubesque un peu débile, ambiance « Tiens, et si on y écrivait une chanson sur une soirée, on se la colle, et tout, ça pourrait faire un tube ». Merci Will.I.Am, super bonne idée. A l’époque pourtant, ce dernier avait plus de dreads sur la tête que de dollars dans sa poche, et Taboo-l’indien-bizarre avait presque l’air normal.
Black Eyed Peas
Bon, mais avant ça, Fergie ne faisait pas partie des Black Eyed Peas. Forcément, la dose de mauvais goût au sein du groupe était dérisoire en comparaison. En 1998 sort donc sur Interscope le premier album des Black Eyed Peas, « Behind The Front ». Le premier single s’appelle « Fallin’ Up », et ce bon rap old school évoque plus « A Tribe Called Quest » que les morceaux d’aujourd’hui. L’ironie du sort, ces quelques paroles:
« I see you try to diss our function by stating that we can’t rap,
Is it just cos we don’t wear Tommy Hilfiger or baseball caps ?
We don’t use dollars to represent,
We just use our inner sense and talent. »
Si ces paroles étaient probablement véridiques à l’époque, elles trouvent un tout autre sens aujourd’hui, puisqu’ils s’appliquent plutôt à faire disparaître leur talent sous des couches de dollars.
Bilan : Les Black Eyed Peas ont-ils eu du talent ? : Oui, oui, et encore oui. Dommage d’être passé de hip-hop classieux à pseudo-dancefloor merdeux.
Justin Bieber
Dans un autre genre, de nos jours, quand on visite la chambre d’une innocente collégienne, on ne s’étonne pas de tomber sur des posters de Justiiiiiiiiiiin Bieber. Alors qu’il n’est toujours pas majeur, il nous agresse systématiquement quand on fait tranquillement nos courses avec ses « Baby, Baby, ooooooh » insupportables. Mais là n’est pas la question. Avant de faire de la soupe (c’est probablement le pire de sa catégorie), Justiiiiiin était plus proche de Ray LaMontagne que de Rebecca Black. Le petit canadien avait une voix d’ange (non, en fait si vous voulez mon avis il était déjà le roi des relous) et se contentait de jouer des reprises sur les marches d’un centre commercial. Aussi oubliable que cette prestation soit, ça avait au moins le mérite d’être mignon, ce gamin qui mendie pour se payer une chemise de bûcheron (pas canadien pour rien, quand même). Son dicton « Never say never » et quelques années plus tard, ses groupies lui offrent autant de chemises bûcheron qu’il veut (et il gagne même quelques petites culottes au passage), sans compter qu’il a pu mettre Vanessa Hudgens dans son lit. Bref, il a réussi sa vie.
Bilan : Justin Bieber a-t-il eu du talent ? Mouais. Disons qu’il savait manier deux-trois accords de guitare; assez en tout cas pour draguer sur la plage. Mais sa voix de pré-pubère, pas possible.
Lady Gaga
Lady Gaga, elle, est peut-être la métamorphose la plus intéressante, puisqu’en même temps qu’elle a muté de pianiste talentueuse, elle s’est créé un personnage fascinant, qu’on aime sa musique ou pas, impossible d’y rester insensible.
Avec la médiatisation de ses clips extravagants, elle a su captiver une fanbase plus hétérogène que ses collègues, et beaucoup parmi ses fans connaissent ses déboires avec le label Def Jam Records, qui l’a signée alors qu’elle n’avait que 19 ans…avant de ne plus jamais lui donner de nouvelles, et ses débuts en duo avec Lady Starlight, et notamment un concert très remarqué au festival de Lollapalooza. Son premier album est sorti sur Interscope (encore eux) grâce au soutien d’Akon, mais bien avant « Just Dance » et « Poker Face », Lady Gaga, s’appelait encore Stefani Germanotta et en s’asseyant devant son piano, elle captivait une audience bien différente que celle qui vient l’acclamer aujourd’hui. Bien loin de son image délurée, bien avant que la communauté gay ne s’amourache pour ses hymnes hédonistes, Lady Gaga nous susurrait une ballade amoureuse devant son piano qui semble aujourd’hui à l’opposé de ses compositions actuelles.
Bilan : Lady Gaga a-t-elle eu du talent ? Oui, mais rien d’hallucinant non plus, alors que ce qu’elle fait aujourd’hui peut être (parfois) ce qui se fait de mieux dans le genre.
Katy Perry
Parmi ceux qui trustent les charts d’aujourd’hui, on trouve aussi Katy Perry, brune aux grands yeux, qui s’est fait remarquer du grand public par ses tubes « I Kissed A Girl » et « Hot’n'Cold ». Mais avant que les plus conservateurs des américains ne l’accusent d’inviter à l’homosexualité et ce genre de conneries, la demoiselle s’appelait encore Katy Hudson (elle a préféré troquer son patronyme contre le nom de jeune fille de sa mère pour éviter la confusion avec l’actrice Kate Hudson), elle était naturellement blonde, mais surtout : elle chantait du country-gospel chrétien un peu WASP sur les bords. Promis. Le meilleur exemple est probablement cette chanson sortie en 2001, « Faith Won’t Fail ».
Citons les paroles :
« In the midst of all my sins and temptations
He’ll prevail
When I fall and He will pick me up
For time and time again my faith won’t fail »
En effet, on est bien loin de l’hésitation pré-maritale et des expériences homosexuelles, et encore je ne parle pas de ses derniers clips, où elle fait jaillir de sa poitrine des feux d’artifice (« Firework ») ou de la chantilly (« California Gurls »).
Bilan : Katy Perry a-t-elle eu du talent ? Mouais. Il faut reconnaître que ce qu’elle faisait avant a beau être mieux, ça reste quand même relativement inécoutable.
David Guetta
Derrière tout ce beau monde, il y a une personne. Un Français, producteur (parce que le qualifier de DJ, c’est quand même beaucoup dire) de son état, qui a trouvé le chemin de la réussite aux États-Unis.
Mais il y a bien longtemps, avant que les plus grandes stars ne se l’arrachent, David était étudiant en droit et mixait dans une boîte gay à côté des Halles. Avec quelques copains, il a mis le DJ sur le devant de la scène, il a aidé à gentrifier le quartier de Pigalle, mais il avait déjà la même tête de mec un peu benêt, il passait déjà de la musique pas terrible, il sortait déjà avec la même femme (qui n’était pas plus attirante à l’époque). Chez Guetta, en fait, rien n’a changé. Alors que beaucoup sont persuadés qu’il s’est enlaidi en se nourrissant de coke, peu savent qu’il était déjà moche il y a deux décennies de ça. Il lui a fallu vingt ans pour passer de Nation Rap aux plus grands dancefloors du monde. Il a pris son temps, mais il a réussi.
Rappelons nous quand même que le mur de Berlin à peine tombé, David Guetta (qui ressemblait un peu à Drago Malefoy d’ailleurs) déclarait mixer « pour le plaisir, loin du business ». On me la fait pas à moi, celle-là…
Bilan : David Guetta a-t-il eu du talent ? Non. Et ça n’a pas changé d’un pouce. Son public s’est juste démultiplié.
Alors, quoi ? Les débuts talentueux (ou pas) des stars d’aujourd’hui justifient-ils les catastrophes qu’ils nous sortent maintenant ? Non, loin de là. Mais il est toujours intéressant de se rappeler que derrière telle ou telle erreur monumentale actuelle, il y a bien longtemps, se cachait de la musique un peu plus intéressante.
